Net et sans bavure. C'est une saga cisaillée que livre N.K Jemisin avec la Cinquième Saison (oui, j'ai lu la saga dans sa totalité, non, elle n'est pas totalement traduite. Seul le premier volume l'est et quand comme moi vous l'aurez fini, il vous restera le même non-choix : patienter deux ans pour poursuivre votre lecture ou vous mettre aux deux derniers volumes en anglais, come on, ce sont les cinquante premières pages qui sont difficiles ! après c'est piece of cake :-))

Sans rentrer dans les détails (c'est passablement ennuyeux, je suis accro à la digression, et qui plus est, moins je vous en dis, mieux c'est), l'intrigue est à la fois limpide et bien ficelée, l'univers d'une complexion d'horlogerie qui confine au génie -depuis quand un auteur n'avait-il pas développé un tel canevas ? - et la cadence ne faiblit pas.
Tout est là : le motif dans le tapis, ces acrobaties magistrales qui font que la narration reprend son souffle d'événements en événements, ces petits détails oubliés qui vous reviennent tout à coup dans la figure et vous font reconsidérer les vingt derniers chapitres autrement, la noirceur attachante des personnages (j'aime la noirceur attachante des personnages, leur luttes internes, cette épaisseur que Jemisin rend palpable sans jamais avoir à s'épancher sur le pourquoi du comment).
Avec une adresse et un brio incroyables, l'auteur revisite l'apocalypse, la lutte des castes, la soif de vengeance, cette f... apocalypse qui nous pend au nez, et toute la mythologie de la science.
Bref, ce mélange de magie et de géologie (oui, je sais, dit comme ça, c'est assez étrange) donne un résultat plutôt bluffant.
C'est pourtant une simple question que pose la Cinquième Saison : qui donc mérite que l'on sauve le monde ? Mais - et vous le savez déjà, n'est-ce pas -, ce n'est pas si facile de trouver une réponse...
Bref, si j'étais vous, je le lirais.