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La Vérité sur l'affaire Harry Quebert - Joël Dicker




De ce livre, j'en suis ressortie avec le sentiment d'un étrange paradoxe. D'un côté il y a cette virtuosité à poser, tricoter, étoffer l'intrigue, à balloter le lecteur, lui retourner le cerveau dans tous les sens par le biais d'une impeccable montée en puissance : l'intrigue innerve le roman du début à la toute fin. Sans s'arrêter une seule seconde.

Le rythme. Oui. Voilà, incontestablement la plus grande qualité de ce roman. On pourra dire ce qu'on voudra : on ne s'ennuie pas. La construction est adroite, le suspense permanent, les rebondissements au cordeau (même si, à la fin, il est temps que ça s'arrête...).

C'est définitivement un page turner que l'on tient entre les mains. Mais alors, me direz-vous, ce paradoxe ? Eh bien, elle tient au style, si simple, si insipide que c'en est parfois étonnant. Est-ce voulu pour ne pas phagocyter l'intrigue (car parfois celle-ci est d'une telle prolixité qu'il vaut mieux ne pas compliquer l'affaire) ? Est-elle le prix à payer, la part de sacrifice qui fait honneur à l'adage "on ne peut pas tout avoir" (en l'occurence, une excellente intrigue et un émerveillement stylistique) ? Je ne sais pas... J'ai eu l'impression que l'on me privait de dessert. J'ai bien essayé de me raisonner. Le narrateur enquête, me suis-je dit, et à ce titre, il privilégie l'approche journalistique, il ne cherche pas à séduire par les mots mais à tout concentrer sur les faits. C'est de la littérature néo-américaine, le graal du thriller, l'effet d'une traduction qui n'existe pas (oui, j'ai poussé l'hypothèse jusque là parce que ça me titillait vraiment). Puis je m'en suis tenue au postulat du roman lui-même (le narrateur est un petit génie de la littérature, l'étoile montante dont on encense le talent dans tous les talk shows à la mode) et je me suis dit : mais z'enfin, c'est censé être le meilleur écrivain de sa génération !!!! Je veux bien être pendue si c'est ainsi qu'écrit le meilleur écrivain de sa génération !

Quoi qu'il en soit, si cela m'a gênée, soyons honnête, cela ne m'a en rien empêché de finir cette histoire à 5h du matin. C'est ce que j'appelle 'la preuve par la nuit blanche', et c'est un critère que je tiens pour glorieux.




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